mardi 3 décembre 2013

Le point et les néocons

J’étais chez mon marchand de journaux la dernière fois mais pas pour y acheter des magazines car en général c’est pas très intéressant, non j’y étais pour passer le temps à l’intérieur, chez mon buraliste, car il fait vachement froid dehors en ce moment. Là je suis tombé sur la couverture d’un magazine qui s’appelle Le Point, c’est un magazine très connu, et qui aime bien faire des couvertures chocs qui font super peur aux gens.

Cette fois-ci ça m’a attiré car il y avait écrit en grosses lettres capitales Les « NEOCONS ». Néocons en fait c’est un diminutif américain à la base et qui veut dire néoconservateurs (mais quand on l’écrit en gros et en français ça fait super débile mais ça permet de glisser un gros sous-entendu puisque y’a le mot con dedans et qu’il ressort vachement).

Malgré les apparences c'est la couverture officielle

En fait cette couverture elle est super réfléchie et elle est tout plein de manipulations avec des choses qu'on voit pas au premier coup d’œil et d'autres qu'on voit même pas du tout si on a pas l'habitude d'analyser ce qu'on nous présente, je vais essayer de vous en décrire le plus dans le détail 

Alors déjà y'a de la manipulation avec les mots car ils disent que les néocons ils détestent l’Europe, le libéralisme et la mondialisation, comme ils utilisent le verbe détester qui est très négatif et bien ça laisse penser qu'il faut être bête de détester tout ça à la fois (ou même qu’il faut être con puisque c’est écrit en gros juste en dessous) et donc si on est intelligent et qu’on lit Le Point ça veut dire qu’il faut aimer les trois.

Là ou ils ont bien raison Le Point c’est que les trois ils sont superliés alors on va quand même leur reconnaître ça. Parce que c’est bien l’Europe qui a fait développer le libéralisme et la mondialisation parce que dans le traité de la Constitution Européen y’a tout plein d’articles qui permettent la libéralisation comme l’article 63 du TFUE par exemple.

Après ils utilisent aussi de la manipulation visuelle qu'on saisit pas si on est pas attentif : au centre de la couverture il y a un château de sable avec un drapeau français dessus comme si la France elle était sur des bases fébriles et qu’elle allait s’écrouler. Ça du coup ça rajoute encore plus à l’idée qu’ils veulent donner que ceux qui détestent l’Europe, le libéralisme et la mondialisation ils sont bêtes car avec cette image ils disent mais sans l'écrire que la France elle est faible car elle est fait en sable alors que l'Europe elle est forte. 

Après ils utilisent d'autres mots négatifs comme quand ils parlent du triomphe de l’idéologie du repli, en disant ça ils veulent que les lecteurs ils comprennent une bonne fois pour toute que c’est mal de ne pas aimer l’Europe et que c'est être un arriéré qui ne comprend rien que de s'attacher à des pays tout sableux.

Et après ils ont mis une liste de personnes qui ont rien à voir entre eux pour dire que les néocons ils ont des réseaux de gauche à droite en passant par Marine Le Pen jusqu’à Montebourg et Jean-Pierre Chevènement comme si il y avait un club secret ou les néocons ils se rencontraient le soir pour conspirer contre l'Europe.

Alors du coup, là ou ça devient vachement rigolo, c'est que quand on l'a comprise on peut utiliser leur technique et on peut changer les termes et les images avec par exemple à la place de néocons en gros on met néocollabos avec une liste de personnes.

Les néocollabos ils détestent la France mais ils adorent la libéralisation, la mondialisation et la finance (Hollande il a été mis dedans car il avait dit que c’était son ennemi la finance mais c’était juste du bluff) et tout ce qu’ils ont réussis à construire c’est un tas de sable qui ressemble à pas grand-chose avec deux drapeaux dessus.

Parodie du Point sur les néocons
Notre enquête : L'amour caché des néocollabos pour les GOPE

Je sais pas vous, mais en fait en regardant les deux, j'ai l'impression que le pastiche il est plus proche de la réalité que l'original.

5 commentaires:

  1. C'est marrant, l'euro devait amener la prospérité économique... on m'aurait menti?
    Je vais céder la parole à Jacques Attali, un gentil promoteur du gentil euro: "Faut-il renoncer à la démocratie ?"
    C'est vrai, la démocratie, c'est nul, les gens sont bêtes, ils ont voté non en 2005, alors que des gens très gentils ont voulu leur simplifier la vie.
    Alors dans l'article, le gentil Jacques Attali propose de remplacer des élus par des gens vraiment compétents, et là on pense à Jacques Attali.
    D'ailleurs, "Si on veut sauver l’essentiel de la démocratie", il faut imiter la Chine et le Vatican selon lui.

    http://www.attali.com/actualite/blog/sociologie/faut-il-renoncer-a-la-democratie

    Par contre, le gentil européiste, je suis un peu déçu, vous ne parlez pas du gentil Jacques Delors, ni du gentil Jacques Attali, qui ont quand même participé à la généreuse construction européenne. Cette construction européenne qui a fait la paix. Pas en ex-Yougoslavie ou en Libye mais quand même, on ne doit pas trop en demander.

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    1. En effet je parlerai de ces deux Jacques car il y a beaucoup de choses à dire sur ces deux personnages

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  2. Je voulais dire "le méchant petit européiste", vous n'êtes pas gentil de traiter les gentils gens de néocollabo. Ils le font pour le bien, vous savez, et s'il faut renoncer à la démocratie pour s'en sortir, alors là j'applaudis d'une seule main.

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  3. Bravo, quelle pertinence !

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  4. Les néo-collabos.

    Les néo-collabos, nous savons qui ils sont.

    Les néo-collabos, nous avons déjà lu leurs articles dans la presse.

    Par exemple :

    Le 4 octobre 2007, l’ex-numéro 2 du MEDEF Denis Kessler écrit :

    « Adieu 1945. Raccrochons notre pays au monde.

    Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement Fillon s'y emploie.

    Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme...

    A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !

    A l'époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d'obtenir des avancées - toujours qualifiées d'« historiques » - et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises.

    Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l'importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d'être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.

    Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d'un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l'histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l'évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s'adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires.

    Le problème de notre pays est qu'il sanctifie ses institutions, qu'il leur donne une vocation éternelle, qu'il les «tabouise» en quelque sorte. Si bien que lorsqu'elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d'une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s'érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s'attaquent à ces institutions d'après guerre apparaissent sacrilèges.

    Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l'essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l'on puisse envisager l'aggiornamento qui s'annonce. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d'entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n'est pas un problème qu'en psychanalyse.

    Denis Kessler.

    Challenges, 4 octobre 2007.

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